
Compétences sociales & petite enfance
Les compétences sociales renvoient à la capacité de l’enfant à identifier les informations pertinentes lors d’une interaction, puis à les utiliser pour déterminer et adopter le comportement le plus susceptible d’atteindre l’objectif visé, tout en préservant des relations positives avec autrui.
Les compétences sociales chez l’enfant d’âge préscolaire se réfèrent souvent à des comportements prosociaux tels que la réactivité à la détresse d’autrui, les comportements d’aide, le partage, la conformité et la coopération. Ces compétences se développent progressivement, en s’appuyant sur le développement préalable d’autres habiletés.
La capacité des enfants d’âge préscolaire à contrôler volontairement leur attention et leur comportement, que ce soit par activation, inhibition ou changement, est essentielle pour le développement de leurs compétencessociales et pour une meilleure gestion des conflits.
Les premiers signes de la capacité à se conformer aux demandes des adultes apparaissent dès la fin de la première année de vie. Cette capacité n’est pas liée à l’obéissance, mais à la motivation de l’enfant à changer son comportement en fonction des valeurs qu’il a intégrées de son environnement social et familial. À partir de 2 ans, les enfants peuvent se ralentir, s’arrêter ou commencer une activité sur demande. Ils peuvent également baisser leur voix ou se concentrer sur une tâche lorsqu’on leur demande. Comme les enfants de cet âge sont souvent invités à ne pas faire quelque chose, ils sont généralement plus efficaces pour exercer leur contrôle volontaire afin d’arrêter une activité plutôt que de commencer une nouvelle.
En parallèle, les enfants commencent à apprendre et à intégrer des informations sur les normes sociales, c’est-à-dire ce qui est acceptable ou non dans un contexte social. Par exemple, ils apprennent à ne pas faire de mal à un autre enfant ou à ne pas tricher. L’apprentissage de ces règles contribue au développement de leur premier sens de conscience collective.
En ce qui concerne les réactions des enfants d’âge préscolaire face à la détresse des autres, dès 18 mois, ils montrent souvent une réponse affective et essaient de réconforter ceux qui sont en difficulté. Cependant, avant l’âge de 4-5 ans, ces premiers efforts de réconfort peuvent être maladroits. Par exemple, ils peuvent donner leur propre doudou pour consoler un autre enfant au lieu d’utiliser celui de l’autre. Ces comportements inadaptés sont dus à leur difficulté à distinguer leurs propres besoins, connaissances et intentions de ceux des autres, une difficulté qui s’améliore généralement au début de l’âge scolaire.
Entre 3-4 ans, à mesure que les enfants intègrent les normes sociales et deviennent plus sensibles aux émotions des autres, tout en apprenant à mieux contrôler leurs propres réactions spontanées, apparaissent les premiers mensonges prosociaux. À cet âge, les enfants peuvent mentir par politesse, par exemple en disant qu’ils aiment un cadeau qu’ils n’apprécient pas vraiment ou en rassurant quelqu’un qu’il est prêt pour une photo, même s’il a une tache sur le visage. À mesure qu’ils grandissent, les enfants s’engagent de plus en plus dans des comportements de mensonges prosociaux et deviennent capables de créer des histoires élaborées pour rendre ces mensonges plus crédibles.
Il est important de souligner que les mensonges prosociaux sont des comportements sociaux, façonnés et influencés par les attentes du milieu social. Dans un contexte familial où la valeur éthique de ne pas mentir, même pour aider ou éviter de peiner autrui, est fortement valorisée, il est possible que ce type de comportement se manifeste différemment, voire moins fréquemment.

L’émergence des premiers comportements d’aide se manifeste très tôt dans le développement de l’enfant. Dès l’âge de 12 mois, les bébés sont capables d’indiquer la localisation d’un objet à un adulte qui ne le voit pas, en le pointant du doigt. À partir de 14 mois, ils commencent à offrir leur aide aux adultes pour accomplir des tâches simples, comme saisir un objet ou ouvrir une boîte. Vers 18 mois, des comportements d’aide spontanés plus élaborés apparaissent, comme participer aux tâches ménagères simples, par exemple ramasser des morceaux de papier par terre.
À côté des comportements d’aide, les premières compétences émergent également dans le partage des ressources. Entre 8 et 12 mois, le partage se manifeste plus souvent de manière spontanée plutôt que sur demande, car il est encore difficile à cet âge d’inciter les enfants à partager lorsque cela est sollicité.
Au début de la deuxième année, avec l’émergence de se conformer aux demandes des adultes, il devient plus facile pour les enfants d’exécuter un partage sur demande. Vers la fin de cette période, ils commenceront à partager spontanément leurs jouets, mais cela se produira principalement dans le contexte d’un jeu commun. En dehors de ce cadre, si vous souhaitez qu’ils partagent, il sera nécessaire de le leur demander explicitement.
Il est important de garder à l’esprit que, durant cette période préscolaire, les enfants ne sont pas naturellement motivés à partager leurs ressources. Ce processus peut être complexe, car plusieurs éléments entrent en jeu, tels que le nombre de pièces à distribuer, l’équité perçue et le fait de savoir si les autres ont déjà partagé avec eux. De nombreuses compétences nécessaires à ces décisions ne se développent pas avant l’âge de 5 ans.
Pour encourager les comportements de partage pendant la période préscolaire, il est essentiel de renforcer la motivation de votre enfant. Cela peut se faire en mettant en avant les conséquences positives de ce geste ou en modélisant vous-même de tels comportements. Si vous choisissez d’introduire des récompenses matérielles chaque fois que votre enfant partage, gardez à l’esprit que cela peut créer une attente de récompense systématique. Ainsi, l’enfant pourrait perdre tout intérêt à partager si la récompense venait à disparaître.
Dès 18 mois, les enfants, lorsqu’ils interagissent en dyade, sont capables de coordonner leurs actions pour accomplir une tâche ou atteindre un objectif. Lorsque cet objectif est partagé, nous parlons de comportements de collaboration. En revanche, si l’objectif peut être atteint individuellement sans nécessiter de travail d’équipe, nous évoquons des comportements de coopération. Lorsque la tâche exige une collaboration, les enfants encouragent leurs partenaires à continuer s’ils perçoivent des signes de fatigue, même à cet âge. En revanche, si un enfant peut compléter la tâche seul, ce comportement d’encouragement ne se manifestera pas.
Propositions des jeux :
Dès 3 ans : L’école des monstres surtout pour apprentissage des normes sociales et pour renforcer les comportements de partage des ressources, de collaboration/coopération, et ceux d’aide.
Dès 4 ans : Sans problème pour renforcer la capacité de résolution de conflits et les comportements d’aide.
Dès 5 ans : Le nom d’un renard pour renforcer les comportements de collaboration.