Il s’agit d’un terme fréquemment utilisé de manière très générale pour désigner diverses situations et compétences, sans vraiment tenir compte de sa véritable définition. Commençons alors par établir ce qu’est l’empathie.
Une expérience empathique authentique repose sur la réaction affective personnelle de l’individu face à la détresse d’autrui, ainsi que sur sa capacité à reconnaître et comprendre logiquement l’état mental de l’autre, qui diffère du sien, en tenant compte des pensées, des besoins et des désirs qui sous-tendent cette détresse.
À mesure que l’enfant grandit et développe ses compétences cognitives et émotionnelles, ainsi que sa compréhension du monde social, il traverse progressivement différentes étapes des expériences empathiques.
Dès la naissance et tout au long de la première année de vie, le nouveau-né manifeste des réactions affectives en réponse à la détresse d’autrui ; par exemple, il pleure en entendant les pleurs d’autres nourrissons. Il s’agit plutôt d’une sensibilité face à la détresse d’autrui, sans pour autant indiquer une compréhension de l’expérience de l’autre.
Les premières réactions qui témoignent d’une reconnaissance initiale du vécu émotionnel d’autrui émergent durant la deuxième année, lorsque les enfants affichent un air triste en voyant un autre enfant pleurer. Cependant, ils demeurent principalement centrés sur leur propre expérience émotionnelle, cherchant à apaiser la négativité provoquée par la détresse d’autrui. Cela constitue une forme d’empathie égocentrique.
Ensuite, dès la troisième année, les enfants commencent à offrir de l’aide à la personne en détresse. Malgré leurs bonnes intentions, ces premières tentatives ne sont pas toujours adaptées aux besoins de l’autre, mais plutôt inspirées de leur propre expérience antérieure. Par exemple, un enfant pourrait amener sa maman pour réconforter un autre enfant qui pleure.
Au fur et à mesure qu’ils avancent dans les années préscolaires, les enfants accumulent des informations de plus en plus riches sur les causes des émotions des autres. Cette meilleure compréhension, combinée à une capacité accrue à gérer leurs propres réactions affectives, leur permet, en début des années scolaires, de mieux cerner les besoins des autres, ce qui leur confère la capacité d’offrir une aide plus appropriée à ces besoins.
Les premières manifestations d’une empathie authentique émergent vers l’âge de 6 ans, lorsque les enfants commencent à prendre en compte plusieurs variables dans leur effort decomprendre l’état d’autrui. Ils parviennent ainsi à représenter les pensées, les désirs, les connaissances des autres, ainsi que les attentes associées à différentes situations sociales pour appréhender le vécu d’autrui. De plus, ils sont capables de considérer les conséquences que leurs propres actions peuvent avoir sur l’état émotionnel d’autrui. Cette capacité s’élargit à la fin de l’enfance et au début de l’adolescence, permettant ainsi de comprendre les nuances d’une empathie authentique qui dépasse l’environnement immédiat de l’enfant. Par exemple, un adolescent peut éprouver une véritable empathie envers des individus vivant en zone de guerre, même à des milliers de kilomètres de son pays.