Entre 6 et 10 ans, le langage de l’enfant s’enrichit, se structure et devient de plus en plus un outil de réflexion, d’apprentissage et de relation. C’est à ce stade que les enfants apprennent à utiliser des mots non seulement pour décrire le monde, mais aussi pour organiser leurs idées, exprimer leurs opinions, argumenter et converser avec les autres. Cette évolution, qui concerne le vocabulaire, la grammaire et la pragmatique du langage, est profondément liée à la fois à l’expérience scolaire et à l’expérience familiale et émotionnelle. Le langage oral et le langage écrit commencent à s’influencer mutuellement, contribuant à la construction d’une communication de plus en plus complexe et consciente 

Un développement en deux étapes

Entre 6 et 8 ans, les enfants affinent leurs compétences linguistiques de base :  

  • Le vocabulaire s’élargit considérablement et s’enrichit de mots liés à l’école, aux livres, aux intérêts personnels
  • Les phrases deviennent plus articulées : les subordonnées causales et temporelles (p.ex. « quand », « parce que », « pendant que ») apparaissent et la narration se structure
  • La capacité à raconter des expériences passées de manière ordonnée, avec une introduction, un développement et une conclusion, est développée. L’enfant est donc capable de raconter ce qu’il a fait pendant la journée, par exemple
  • La conscience de l’auditeur augmente : l’enfant commence à adapter sa façon de parler en fonction de la personne qui se trouve en face de lui (adultes, pairs, enseignants)
  • Les premières compétences métalinguistiques apparaissent : l’enfant réfléchit au sens des mots, joue à des jeux de mots, demande ce que signifient certains termes 

Entre 8 et 10 ans, le développement du langage fait un bond qualitatif :

  • Le vocabulaire devient plus abstrait : des termes liés à des concepts scientifiques, moraux ou émotionnels apparaissent (tels que « justice », « énergie », « courage »)
  • Les structures syntaxiques deviennent plus complexes : l’enfant utilise des phrases hypothétiques, concessives, conditionnelles (p.ex. « si… alors », « même si… »)
  • L’utilisation des connecteurs logiques et textuels s’améliore, comme également, en plus et en outre, tant à l’oral qu’à l’écrit, rendant le discours plus cohérent et organisé
  • La capacité à argumenter, à expliquer un point de vue, à contre-argumenter avec un raisonnement logique se développe
  • L’enfant est de plus en plus capable de passer d’un registre de communication à un autre : langage formel, informel, descriptif, persuasif, etc.  

 À ce stade, le langage se confond avec la pensée abstraite et la capacité d’exprimer des opinions, des émotions et des intentions de manière précise et consciente. Le développement du langage ne se fait pas seul : il va de pair avec d’autres fonctions cognitives importantes, qui s’influencent mutuellement : 

  • La mémoire de travail, par exemple, est cruciale pour la construction de phrases complexes : l’enfant doit garder à l’esprit les mots déjà prononcés tout en planifiant les suivants, en particulier dans les histoires ou les explications
  • Les fonctions exécutives émergentes (telles que l’inhibition, la flexibilité cognitive et l’attention soutenue) permettent à l’enfant de respecter son tour de parole, de rester dans le sujet, mais aussi de changer de sujet si nécessaire ou de s’adapter à des conversations nouvelles et plus abstraites
  • La pensée symbolique, c’est-à-dire la capacité à comprendre que les mots représentent des objets, des émotions ou des concepts, s’approfondit de plus en plus. Cela ouvre la porte non seulement à un langage plus riche, mais aussi à des formes de pensée imaginatives et créatives telles que le jeu symbolique et la pensée narrative. 

Le langage comme outil de pensée

Entre 6 et 10 ans, le langage devient aussi un support essentiel à la pensée abstraite: 

  • L’enfant commence à catégoriser, à formuler des hypothèses, à expliquer ses raisonnements, à justifier ses choix.
  • Il utilise le langage pour organiser ses idées, planifier une action, résoudre un problème, ce qui favorise le développement des fonctions exécutives. 

Par exemple, lorsqu’un enfant explique comment il a résolu un exercice de mathématiques ou raconte une histoire avec un début, un milieu et une fin cohérente, il démontre cette capacité à structurer sa pensée par les mots. 

Plusieurs jeux pour soutenir cette maturation linguistique

Duplik : Dans ce jeu, les enfants doivent décrire une illustration rigolote avec le plus de détails possibles afin que les autres joueurs puissent dessiner l’image racontée 

 Fonctions cognitives développées : 

  • Langage : L’enfant qui décrit la scène enrichit son vocabulaire et apprend à s’exprimer de manière compréhensible, en s’appuyant également sur les autres acteurs.
  • Motricité fine : L’enfant qui dessine améliore sa préhension et sa motricité fine. 

Texto : Dans ce jeu, les enfants doivent être rapides pour trouver un mot commençant par la lettre et la catégorie proposées. 

Fonctions cognitives développées : 

  • Langage : L’enfant doit trouver le mot qui correspond à la lettre et à la catégorie.
  • Flexibilité mentale : L’enfant doit être vite à changer de règle en passent par les différents tours du jeu.   

Just One : Dans ce jeu, les enfants doivent aider les autres joueurs à deviner un mot caché.  

Fonctions cognitives développées : 

  • Langage : L’enfant doit chercher de mieux s’exprimer et des donner les indices les plus cohérent pour faire deviner le mot caché.

Dixit : Dans ce jeu, les enfants doivent utiliser un mot ou une phrase pour décrire une illustration.  

Fonctions cognitives développées : 

  • Langage : Le jeu stimule le développement du langage descriptif en incitant les enfants à verbaliser des images abstraites et à interpréter les descriptions métaphoriques de leurs pairs, enrichissant ainsi leur vocabulaire expressif et leurs compétences narratives. 

Le rôle de l’école et de la lecture

L’entrée à l’école primaire marque un tournant majeur. Le langage oral se met au service du langage écrit, et vice versa : 

  • La lecture enrichit le langage oral, en exposant l’enfant à de nouveaux mots, à des structures de phrases variées et à des récits complexes.
  • La production écrite demande un haut niveau de maîtrise linguistique, car l’enfant doit planifier son message, organiser ses idées, structurer ses phrases et veiller à la cohérence de son texte. 

Les discussions en classe, les récits oraux, les exposés et les débats sont autant d’activités qui stimulent les compétences discursives et renforcent la confiance en soi à l’oral. 

Le rôle de l’adulte : valoriser, écouter, accompagner

Le développement langagier de l’enfant dépend fortement de la qualité des interactions avec les adultes : 

  • Valorisez ses efforts à s’exprimer, même s’il cherche ses mots.
  • Posez des questions ouvertes qui invitent à parler.
  • Reformulez ses phrases en les enrichissant, sans corriger de manière directe.
  • Créez des moments d’échange quotidien, sans écrans, pour discuter librement. 

Astuce : Un simple trajet en voiture ou le repas en famille peut devenir un moment privilégié pour parler de la journée, raconter une anecdote ou poser une devinette linguistique. 

Conclusion : le langage, clef de la pensée et de la relation

Entre 6 et 10 ans, le langage devient un puissant levier de développement intellectuel, émotionnel et social. En soutenant son enrichissement à travers des activités variées, des échanges riches et une écoute bienveillante, on offre à l’enfant non seulement des outils pour mieux apprendre, mais aussi pour mieux se comprendre et comprendre les autres. Car parler, c’est bien plus que dire des mots : c’est exister pleinement dans le monde. 

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